Si l’on attribue la découverte de la fécondation artificielle à dom Pichon, moine de l’abbaye de Réome, en 1420, c’est en 1837 que M. John Shaw utilisa en Grande Bretagne la méthode de fécondation artificielle décrite par Jacobi en 1758.
Si en France, la pisciculture à été réellement développée à partir de 1848 sous l’impulsion de M. Coste, professeur au Collège de France, c’est M. Lecoq, professeur à la faculté de Clermont Ferrand, qui l’introduisit en Auvergne grâce à la création d’une école en 1857. On commença alors à l’utiliser comme un outil de repeuplement pour de nombreuses espèces.
C’est en 1922, à l’initiative de l’Administration, qu’il fut décidé déjà, de créer la plus grande pisciculture de repeuplement d’Europe, à proximité de Brioude. Les captures de géniteurs ont débuté pour effectuer des essais, en novembre 1924, puis, de 1925 à 1928, environ 1 400 000 œufs furent incubés. En 1928, des difficultés d’approvisionnement en eau tant qualitatives que quantitatives n’ont pas permis de stabuler les géniteurs et de poursuivre à la hauteur des espoirs annoncés. La production fut arrêtée en 1932.
Suite à la construction du barrage de Poutès, en 1943, par la Cie Loire et Centre, celle ci se trouva dans l’obligation de procurer une pisciculture au Service des Eaux et Forêts, et de verser une indemnité annuelle pour permettre la production de 200 000 alevins chaque année. Dès la Libération, les recherches furent entreprises en Haute-Loire pour trouver un site de construction, mais aussi surprenant que cela puisse paraître, ces recherches ne donnèrent aucun résultat.
Face à ces hésitations concernant le choix du site de construction, c’est en 1946 que va reprendre l’idée de production d’alevins près de Brioude. De nombreux travaux sont envisagés à la Léproserie et en partie réalisés. Neuf saumons capturés le 25 juillet 1950 meurent le même jour. Suite à ces nouveaux échecs, auxquels viennent se superposer la réorganisation des services de la pêche et l’opposition des représentants des pêcheurs eux-mêmes, la plupart des projets envisagés ne connurent pas le jour.
Toutefois, les captures de saumons se poursuivront à la Bajasse. En 1953, 43 saumons ainsi capturés produisirent 400 000 œufs dont 250 000 iront à la pisciculture de Brioude et 150 000 à la pisciculture de Riom sous la responsabilité de l’Association Protectrice du Saumon (APS).
Cette association assurera en parallèle la production et le déversement d’alevins, notamment à partir d’œufs envoyés par le Québec. La Léproserie poursuivra quant à elle son activité de pisciculture jusque dans les années 60 avec plus ou moins de réussite.
Depuis, plusieurs projets de salmoniculture ont été imaginés et étudiés. A nouveau, les tergiversations concernant le choix du site, les difficultés de financement, ont ressurgi, condamnant le projet de création d’une grande salmoniculture à rester dans les cartons. Heureusement, pendant cette phase, la salmoniculture du Conseil Supérieur de la Pêche d’Augerolles assurera le repeuplent en saumon à partir de 1968, évitant très certainement la disparition de l’espèce sur l’Axe Loire-Allier.
C’est malheureusement 75 ans après avoir annoncé la création de la plus grande salmoniculture de repeuplement d’Europe, que, grâce au Plan Loire Grandeur Nature, la Salmoniculture de Chanteuges fut enfin construite, et c’est en 2001 que les premiers alevins issus de cet établissement furent libérés dans l’Allier et ses affluents.
Bien entendu, le repeuplement ne peut que palier temporairement les problèmes environnementaux que l’espèce rencontre. La reconquête de son habitat, s’avère absolument indispensable. Les échelles à saumon ont été inventées en 1834 en Ecosse et mises en œuvre pour la première fois dans le bassin de la Loire, sur la Vienne, en 1868. Des grandes réalisation comme l’aménagement du barrage de Vichy, ont été faites, mais près de deux siècles plus tard, de nombreux obstacles ne sont toujours pas suffisamment aménagés. Des progrès ont été obtenus en matière de pollution, de nombreuses stations d’épuration ont été construites et la plupart semblent efficaces.
S’il apparaît que l’histoire se répète au cours de ce dernier siècle, la survie du saumon de Loire est incontestablement entre les mains de celui qui a contribué à sa disparition sur de nombreuses rivières.