Salmo salar
Poisson emblématique et encore mystérieux, le saumon atlantique sauvage (Salmo salar) appartient à la famille des salmonidés qui regroupe les genres
Salmo (truite fario / truite de mer / saumon atlantique)
Salvenilus (ombles / huchon)
Onchorynchus (truite arc-en-ciel / saumon du pacifique)
La ressemblance entre le saumon atlantique et la truite de mer est grande, tant sur le plan physiologique que sur celui du cycle vital. La ressemblance est également grande avec la truite fario lorsqu’il séjourne en rivière, en particulier dans la phase juvénile ou les non initiés les confondent souvent. On le voit quelquefois assimilé à tort bien sûr, à Salvenilus fontinalis appelé « saumon de fontaine », mais beaucoup plus souvent aux saumons du pacifique, notamment lorsque ces derniers sont destinés à la commercialisation.
Le saumon atlantique, surnommé à juste titre « le roi des poissons », est un grand migrateur qui partage son existence entre la rivière ou il est né et revient se reproduire et souvent mourrir, et l’océan où il devient adulte et croit considérablement en poids et en taille.
L’origine du genre Salmo remonterait au Miocène soit il y a environ 10 à 12 millions d’années. Il y a probablement 600 000 ans, la population américaine de saumons a été suffisamment isolée de celle de l’Europe pour justifier deux sous-espèces : Salmo salar americanus et Salmo salar europaeus.
Plus tard, probablement lors de la dernière période glacière, datant de 70 000 – 10 000 ans, la sous-espèce européenne s’est séparée en deux lignées : la lignée celtique au sud-ouest (qui a survécu à l’ère glaciaire dans un refuge en Ibérie) et la lignée boréale au nord-est (qui a survécu à l’ère glaciaire dans un lac libre de glace qui est maintenant la mer du Nord). Après la fin de l’ère glaciaire, chacune des populations s’est étendue : la souche celtique vers le nord de la France, les îles britanniques et le sud de la Scandinavie ; la souche boréale vers l’Islande, le nord de la Scandinavie et la Russie.
Son aire de répartition originelle comprend quasiment tous les pays baignés par l’océan atlantique situés au nord de la rivière Hudson (USA) et la rivière Mino (Portugal). Elle inclut la mer baltique et se prolonge jusqu’à la péninsule de Kola (Russie).
Les zones d’engraissement océaniques identifiées à ce jour, où les saumons de provenance différentes se rassemblent en empruntant des itinéraires souvent mal connus, se situent au large du Groenland et des iles Féroë. Ils séjournent là entre 2 et 4 ans se gavant de crevettes (krill), calamars, capelans, lançons,… et autres petits poissons et crustacés. Il est vraisemblable que les poissons qui reviennent en rivière après une seule année de mer (castillons ou grilses) trouvent des zones plus proches de l’estuaire, favorables à leur alimentation. A son retour de l’océan, le saumon atlantique adulte est un magnifique poisson argenté et brillant au corps parfaitement fuselé. Le dos est gris plus ou moins bleuté, les flancs argentés sont ponctués de quelques points noirs et le ventre est blanc nacré. Au fur et à mesure que son séjour en rivière s’allonge, sa robe prend une teinte de plus en plus cuivrée allant même jusqu’au rouge orangé chez le mâle à l’approche de la fraye. C’est un superbe athlète capable de nager presque deux fois plus vite qu’une truite et de faire des sauts spectaculaires, notamment lorsqu’il s’agit de franchir un obstacle.
Selon la durée du séjour en mer, les caractères de la souche, l’importance des stocks de nourriture, le saumon atlantique peut mesurer de 50 à 130 cm et plus pour un poids de 1 à 30 kg et plus, lorsqu’il se présente à l’estuaire.
Une différence essentielle existe avec ses cousins saumons du pacifique : alors que ceux-ci meurent systématiquement après la fraye, le saumon atlantique est capable de se reconstituer et d’effectuer 2 ou 3 migrations reproductrices. Cela est devenu de plus en plus rare il est vrai en raison des obstacles nombreux et variés que l’homme a dressés sur sa route. Mais cette faculté offre désormais la possibilité d’obtenir en pisciculture de repeuplement, plusieurs pontes à partir d’une même femelle d’origine sauvage, alors que celle-ci avait une chance infime de revenir sur sa frayère.
Aujourd’hui en Europe, les cours d’eau encore fréquentés par le saumon sont inférieurs à 200 km, seul, l’axe Loire-Allier avec ses quelques 940 km, avait résisté à l’extinction totale.
La souche Allier demeure la seule présentant un cycle long (4-5 ans en moyenne) capable de produire les grands saumons qui ont tant fait rêver les pêcheurs. Elle constitue un patrimoine génétique unique et exceptionnel pour la France, mais aussi pour l’Europe, particulièrement utile et précieux dans le cadre d’opérations de réintroduction du saumon atlantique dans d’autres grands cours d’eau de l’Europe occidentale. C’est un espoir qui ne peut qu’enthousiasmer et motiver les fervents défenseurs du développement durable.