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Un privilège seignerial
Au Moyen Age, les poissons tiennent une place à part dans l’alimentation. Les religieux le consomment lors des périodes de jeûne et en abondance durant le Carême et l’Avent. Pour subvenir à leurs besoins, les communautés religieuses s’établissent à proximité des cours d’eau. En 1025, Odilon de Mercœur, abbé de Cluny fonde sur les bords de la rivière Allier le prieuré de Lavoûte. L’installation d’abbayes, de monastères entrainent l’édification de moulins hydrauliques et de barrages destinés à les alimenter. Les chanoines-comtes de Brioude semblent être les premiers utilisateurs de cette nouveauté dans la vallée de l’Allier avec la construction des moulins de La Tour et du Dardelier.
L’établissement des moulins sur les cours d’eau est autorisé par le roi sur les zones non navigables, comme sur la partie de la rivière Allier s’étendant entre Langeac et Pont-du-Château (Puy-de-Dôme). Dans cette portion, les moulins sont alimentés en eau par une digue ou une pélière barrant toute la rivière sans aucun pertuis. En 1312, le roi Philippe le Bel permet aux chanoines-comtes de Brioude la construction d’une digue à La Bageasse.
L’édification des pélières sur la rivière Allier accroît le développement des pêcheries. Dès le début du Moyen Age, les rois donnèrent aux seigneurs locaux et aux communautés religieuses le droit d’établir des moulins, des digues et de jouir du droit de pêche. Au XIIIe siècle, ce privilège engendra des réglementations et la pêche fut interdite à certaines périodes de l’année. Afin de conserver ce droit de pêche, le cours de la rivière Allier, en amont de Pont-du Château, resta, jusqu’au XVIIIe siècle, non navigable. Rapidement, les pélières telles que celles de Langeac, Chilhac, Saint-Ilpize, Vieille-Brioude et Brioude se multiplièrent avec les moulins. En 1742, l’Intendant d’Auvergne Robert de Bonnaventure, pour permettre l’essor de la navigation marchande en amont de Brassac-les-Mines, demanda l’ouverture de pertuis et autorisa les bateliers, le cas échéant, à détruire les pélières pour le passage des bateaux.
Les digues constituent de véritables barrages propices à la pêche, justifiée par l’abondance des espèces d’eau douce. Les pélières se transforment progressivement en véritables viviers par l’adjonction, à leurs extrémités, d’avaloirs constituant un parfait piège à poissons. La digue de La Bageasse, édifiée par les chanoines-comtes de Brioude, devait posséder ce système de montants et descendants dont l’utilisation est confirmée dans la vallée de l’Allier par un acte de 1421 émanant du prieuré clunisien de Lavoûte-Chilhac.